C’est ici, dans cet étroit passage entre l’Europe et l’Afrique, que l’Océan Atlantique entre en collision avec la mer Méditerranée. La différence de salinité entre les eaux produit des courants chaotiques, puissants et imprévisibles pouvant atteindre 14 km/h et rendant toute traversée à la nage périlleuse, Les 15 kilomètres à vol d’oiseau qui séparent Tarifa (Espagne) et Cirès (Maroc) représente environ 5 heures de nage et même 7 ou 8 si les vents se mettent à souffler très fort, comme c’est souvent le cas dans cette région.

Ce détroit mythique, d’une profondeur de 1000 mètres, est également l’une des voies maritimes les plus achalandées dans le monde. Des centaines de navires s’y fraient un chemin chaque jour, provoquant des vagues dangereuses pour le nageur, ainsi que des risques de collision fatale et d’empoisonnement en raison de la pollution. Comme si cela ne suffisait pas, il n’est pas rare qu’un épais brouillard se lève, désorientant le nageur alors laissé à lui-même.

Chaque année, des adeptes de l’extrême et de la nage en eau libre tentent la traversée. Un bon nombre doit abandonner en cours de route en raison des conditions météorologiques changeantes ou d’une préparation physique et mentale insuffisante. La première traversée couronnée de succès a été réalisée en 1928 par une nageuse britannique de 27 ans, Mercedes Gleitze. Depuis, un peu plus de 500 personnes ont réussi l’exploit, dont 2 Canadiens.

Le détroit du Bosphore coule en plein cœur d’Istanbul, cette ville éclectique Turque au passé à la fois trouble et glorieux. À cheval entre l’Asie et l’Europe, il vibre au rythme de cette cité mystérieuse, au son des prières qui résonnent en pleine rue et des histoires légendaires qui font sa renommée.

Traverser le Bosphore, le détroit le plus étroit au monde, tient plus de l’expérience culturelle que du défi physique, et pourtant. Obtenir l’autorisation de traverser ces eaux internationales, large d’à peine 3 km, relève d’un miracle. Le trafic maritime est trop dense pour nager librement dans ce passage dangereusement restreint et balayé par de forts courants. Il faudrait être fou ou bien astucieux… En effet, il s’avère que la navigation de nuit est interdite aux tankers, trop gros pour circuler dans l’obscurité. À notre connaissance, traverser le Bosphore à la nage en pleine nuit serait une première. Et on a la fâcheuse tendance à aimer les défis…

La mer Rouge est l’une des mers les plus salées du globe et une oasis bleutée qui contraste de manière spectaculaire avec les côtes désertiques de l’Égypte et des pays du Moyen-Orient.

Bien que physiquement demandant, nager 25 km dans les eaux chaudes et cristallines de cette mer intérieure pourrait pratiquement être une partie de plaisir si ce n’était que d’un détail : elle est infestée de requins. En effet, l’idée de s’immerger pendant 8 heures au pays des prédateurs marins ajoute une couche de stress bien réel à cette traversée déjà intense entre l’Égypte et la Jordanie.

Autre facteur de stress : les tensions politiques bien présentes au Moyen-Orient pourraient compromettre la traversée. Même avec les autorisations nécessaires en mains, nous pourrions rester cloués au sol (ou pire, en mer!) si un conflit politique éclate ou que la machine administrative et les jeux de pouvoir ne nous sont pas favorables.

C’est dans des eaux qui frôlent le point de congélation qu’a lieu la traversée la plus courte, mais la plus exigeante de toute l’expédition. Quatre à cinq kilomètres (à la nage) séparent les îles Diomède, situées de part et d’autre de la frontière entre l’Alaska et la Russie, en plein cœur du détroit de Béring. Cela représente environ une heure et demi de nage dans des eaux réputées pour être houleuses, fréquentées par des orques et balayées par des vents glacés qui peuvent ralentir dangereusement la progression du nageur. En effet, au-delà de cette période de temps, l’hypothermie devient une réelle menace, même pour un athlète entraîné à résister à de telles températures extrêmes.

Dix jours d’acclimatation sur place seront nécessaires pour apprivoiser l’eau froide et les forts courants de ce lieu surnommé « le rideau de glace ». Le départ se fera de la Petite Diomède Alaska), habitée par tout juste 170 Inuits. De cette île, il sera possible d’atteindre la Grande Diomède, une base militaire russe interdite d’accès… Entre les deux, la ligne de changement de date vient ajouter un élément insolite : on sautera d’une journée à l’autre en un seul coup de brasse!

La Nouvelle-Guinée : c’est la grande aventure en terres éloignées, l’inconnu. Les voyageurs en quête d’authenticité et les plus intrépides viennent y découvrir un monde de beautés naturelles et de traditions culturelles bien vivantes, en dehors des standards touristiques. C’est ce qui rend cette étape de l’expédition à la fois excitante et complexe : il va falloir improviser.

C’est à Wutung, petit village à la frontière entre la Papouasie-Nouvelle-Guinée (Océanie) et l’Indonésie (Asie), qu’est prévu le départ de ce 25 km de nage dans les eaux chaudes du Pacifique. Sur place, il faudra trouver un pêcheur qui acceptera de nous accompagner en bateau pour suivre Normand pendant plus de 8 heures jusqu’à Skow Mabo en Indonésie, en plus de trouver un médecin.

En effet, outre la canicule qui pourrait affecter les performances du nageur et la présence de requins, c’est la piqûre potentiellement mortelle d’une méduse irukandji qui inquiète. Comparable à la piqûre d’un scorpion, elle peut entraîner un arrêt cardiaque si elle n’est pas traitée à temps.