La Petite Diomède est une île située au milieu du détroit de Béring sur laquelle environ 100 habitants vivent en ce moment. Parmis eux, 36 sont des enfants scolarisés à l’école locale. La population oscille entre 80 et 140 résidents. Les gens de là-bas sont appelés des Inupiak, une tribu Eskimos, qui ressent déjà les effets du réchauffement climatique. En date de notre arrivée, à la fin du mois d’août, plus de la moitié des oiseaux avaient déjà quitté l’île pour l’hiver. C’est la première fois que cela arrive si tôt dans la saison (généralement les oiseaux commencent leur migration à la mi-septembre).

Cela fait 3-4 ans que les locaux ne sont pas en mesure de construire une piste d’atterrissage sur la glace, maintenant trop fine,  durant l’hiver. Par conséquent, ils ne voyagent uniquement que par bateau pendant quelques mois d’été et ils reposent entièrement sur les livraisons effectuées par hélicoptère durant toute l’année.

Photo : Annie-Claude Roberge

La plupart des adultes que j’ai rencontrées sur la Petite Diomède ont perdu un ou plusieurs enfants. La noyade est la cause la plus courante peu importe la saison mais le plus souvent c’est à cause d’une chute dans l’eau glacée à travers la glace trop fine durant l’hiver. La température de l’eau durant l’été est de 3 ou 4 ˚C alors que l’hiver l’eau descend à 1 degré ou moins. À part quelques exceptions, les natifs de l’île ne savent pas nager même si leur vie repose en grande partie sur ce que l’océan a à leur offrir puisqu’ils chassent des phoques ou des morses.

Photo : Annie-Claude Roberge

Lorsque nous sommes arrivées sur l’île, les enfants furent les premiers à nous accueillir. Très curieux et nous posant beaucoup de questions, notre connection avec eux à été immédiate et les liens créés à cet instant ce sont approfondis tout le long de notre séjour. Durant les entraînements, ils nous suivaient le long de la côte, toujours très curieux, nous posant des questions sur les raisons de notre présence et nos équipements. Ils se joignirent à nous pendant notre randonnée sur l’île, discutant avec nous du début à la fin. Nous avons visité leurs salles de classes et en avons profité pour leur présenter le projet : O5 Swim the World. Ce fut l’occasion pour eux de manipuler notre bouée, le « wetsuit », le « drysuit » et le bracelet magnétique anti-requin. Mais le plus important, nous avons eu la chance de discuter avec eux de l’importance de trouver et de poursuivre ses rêves. Leurs rêves étaient poignants, admirables et souvent représentatifs de leur mode de vie. J’ai profondément apprécie à quel point les enfants de l’île étaient sociales, amicales et chaleureux.

Photo : Annie-Claude Roberge

Lors de notre visite sur la Petite Diomède, nous avons participé à un nettoyage de la plage. Le problamatic des déchets sur l’île pose deux défis : les habitants ont besoin de plus de formation puisqu’ils possèdent tout de même un programme de recyclage et un incinérateur sur l’île. Ensuite beaucoup de déchets sont balayés par les vagues de l’océan pour venir s’échouer sur les rochers longeant la côte.Nous avons fait équipe avec la coordinatrice environnementale de l’île : Opik Ahkinga et ses employés pour ramasser 15 sacs de détritus en tout genre et 1 sac de matériaux recyclable. Ce fut un magnifique geste collectif de pouvoir apporter notre contribution à cette petite île isolée.
Photo : Annie-Claude Roberge

Le samedi 3 septembre, nous étions sur l’eau pour effectuer la traversée. Pendant que Normand était en train de nager, nous avons commencé à apercevoir la présence de baleines à l’horizon : des souffles jaillissant dans les air en solo et en duo au rythme de leur respiration. Au environ des 2/3 de la traversée, Sylvain aperçu une baleine juste en avant de lui. Nous aurions été très inquiet si les animaux en question avaient été des Orques mais ces gentils géants appelé baleines grises et baleines à bosse ne représentaient aucune menace. À moins de 100m, une baleines à bosse (peu courante dans la région) est venue respirer à quelques reprises avant de plonger pour de bon dans les profondeurs de l’océan. Nous étions tous pleins de bonheur même si pendant ce temps Normand continuait sa traversée à la nage sans avoir conscience de la présence de cette baleine aux dimensions colossales.

La journée continuait à avancer et les baleines ne semblaient pas vouloir nous quitter. Durant la soirée, de nombreux petits groupes de ses mammifères marins furent visibles pendant plusieurs heures. Même si les habitants de la Petite Diomède aperçoivent régulièrement des baleines, leur présence en si grand nombre était très inhabituelles pour eux. Un des villageois m’a même confié qu’il n’avait jamais été témoin d’un tel rassemblement. C’est bien la preuve de la chance que nous avions de pouvoir apprécier un événement si magnifique!

Photo : Annie-Claude Roberge

Nous avons créé une connection spéciale avec cette communauté en contribuant à leur bien-être et en appréciant la beauté de l’environnement qui les entoure.

Anastasia Polito – Entraîneur o5Swim